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L’art et la société de consommation

◘ Problématique : Comment la société de consommation est-elle représentée dans l’art ?

 

INTRODUCTION


○ “ Supermarket Lady “, Duane Hanson (1969)

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Supermarket Lady, oeuvre hyperréaliste réalisée en 1969 par Duane Hanson et présentée au public en 1970 est une sculpture composée de diverses matériaux (fibre de verre, polyester, tissus, cheveux, produits de consommations diverses et un caddie). Duane Hanson (1925-1996) est un sculpteur américain des courants de l’hyperréalisme et du pop-art. Par ses oeuvres, il représente la société américaine au quotidien (l’American way of life, c’est à dire le mode de vie américain, qui incarne bien la société de consommation), dans toutes ses facettes (avantages et inconvénients), et n’hésite pas à la remettre en question. 

Cette sculpture représente une ménagère américaine des années 1960 assez corpulente. Elle est vêtu à la mode de cette époque (couleurs vives, couvre-chef). Sac à main au bras, elle est en train de faire ses courses en poussant un chariot de supermarché (ou caddie). Ce chariot est rempli à ras bord de biens de consommations (biens alimentaires en particulier). Par la représentation de la ménagère américaine “typique” des années 1960, Hanson veut en fait identifier toute la classe moyenne américaine dans son quotidien. Une classe moyenne qui est complètement intégrée dans la société de consommation et qui participe à la consommation dite de masse. Cette consommation abondante est représentée par le sac à main et surtout le chariot débordant de biens de consommation. Principalement alimentaires, ces biens peuvent représenter l’industrie agro-alimentaire en pleine essor à cette époque, et permettant le développement de supermarchés où des milliers de produits sont disponibles à l’achat à moindre prix. Cependant, la cigarette à la bouche de la ménagère et son regard vide montre une certaine insatisfaction, probablement dû aux soucis quotidiens de cette société : gestion de l’argent, des prêts, des assurances, tensions professionnelles surtout pour l’ouvrier travaillant au sein des chaînes de production industrielles, et donc devenant l’acteur mais aussi le consommateur de cette société. Enfin sentiment de lassitude de faire partie d’une société où tout est uniformisé et pensé pour être rentable.

 


 “Campbell’s soup cans”, Andy Warhol, 1962

Andy Wahrol, "Campbell’s Soup Cans", 1962

« Campbell’s soup cans »  est une sérigraphie sur toile (reproduction de la même peinture en plusieurs fois)  réalisée en 1962 par Andy Warhol. Exposé initialement à Los Angeles, Galerie Férus, elle se trouve actuellement au musée d’art moderne de New York. Andy Warhol est un publicitaire et artiste américain du 20ème siècle. Il est considéré comme le précurseur du mouvement “Pop Art”. Le contexte historique de l’époque permet de comprendre l’oeuvre. Créée en 1962, cette oeuvre date de la période de pleine croissance économique aux États-Unis et en Europe (aussi appelée Trente Glorieuses).

Cette oeuvre est composée de 32 toiles (50,8×40.6cm) représentant chacune une boite de conserve ( de la soupe). Les couleurs utilisées pour les conserves sont principalement le blanc et le rouge, ce dernier crée un contraste visuel fort avec le reste de la toile qui est blanc. L’organisation de l’oeuvre (répétition et accumulation d’un même motif plusieurs fois) crée un rythme ordonné. Étant le précurseur du courant artistique “Pop Art”, Andy Warhol décide d’utiliser des objets de tout les jours, accessibles par tout le monde pour créer une oeuvre, ainsi, on peut donc dire que l’auteur transforme un objet banal en un objet d’art. De plus, le rythme ordonné plus l’accumulation renvoie l’idée que l’auteur se compare à une machine de production de masse. Cependant, l’avis de Andy Warhol sur la société de consommation est mitigé dans cet oeuvre. Ainsi, on peut penser que l’auteur fait une critique de cette dernière en utilisant la sérigraphie pour montrer la volonté de la société à acheter et à consommer. Cependant, l’artiste ayant suivi une formation de publiciste, on peut se demander si, en représentant son oeuvre de cette manière, l’auteur ne souhaite pas plutôt le côté positif de la société de et de la culture américaine de l’époque.


“La complainte du progrès “, Boris Vian, 1955

Paroles

Autrefois pour faire sa cour
On parlait d’amour
Pour mieux prouver son ardeur
On offrait son cœur
Maintenant c’est plus pareil
Ça change, ça change
Pour séduire le cher ange
On lui glisse à l’oreille
– Ah, Gudule!
Viens m’embrasser
Et je te donnerai
Un frigidaire
Un joli scooter
Un atomixaire
Et du Dunlopillo
Une cuisinière
Avec un four en verre
Des tas de couverts
Et des pelle à gâteaux
Une tourniquette
Pour faire la vinaigrette
Un bel aérateur
Pour bouffer les odeurs
Des draps qui chauffent
Un pistolet à gaufres
Un avion pour deux
Et nous serons heureux
Autrefois, s’il arrivait
Que l’on se querelle
L’air lugubre on s’en allait
En laissant la vaisselle
Maintenant, que voulez-vous
La vie est si chère
On dit rentre chez ta mère
Et l’on se garde tout
– Ah, Gudule!
Excuse-toi
Ou je reprends tout ça
Mon frigidaire
Mon armoire à cuillères
Mon évier en fer
Et mon poêle à mazout
Mon cire-godasses
Mon repasse-limaces
Mon tabouret à glace
Et mon chasse-filous
La tourniquette
A faire la vinaigrette
Le ratatine-ordures
Et le coupe-friture
Et si la belle
Se montre encore rebelle
On la fiche dehors
Pour confier son sort
Au frigidaire
A l’efface-poussière
A la cuisinière
Au lit qu’est toujours fait
Au chauffe-savates
Au canon à patates
A l’éventre-tomates
A l’écorche-poulet
Mais très très vite
On reçoit la visite
D’une tendre petite
Qui vous offre son cœur
Alors on cède
Car il faut qu’on s’entraide
Et l’on vit comme ça
Jusqu’à la prochaine fois
Et l’on vit comme ça
Jusqu’à la prochaine fois

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“La complainte du progrès “ est une chanson de Boris Vian (pour les paroles) et d’Alain Goraguer (pour la musique) écrite en 1955. Boris Vian est un écrivain, poète, chanteur, musicien de jazz, acteur. La diversité de ses oeuvres, touchant tous les domaines artistiques (musique, littérature, cinéma, chanson) en fait sa particularité. Il devient, par son oeuvre littéraire, après sa mort (à 39 ans), une référence pour la jeunesse des années 1960-70. Beaucoup de jeux de mots et d’expressions inventées se retrouvent dans ses oeuvres littéraires, notamment dans “La complainte du progrès “, où il critique la société de consommation avec humour.

-> Boris Vian fait référence à l’époque où la société de consommation n’était pas encore arrivée. Les relations humaines (ici le couple) étaient importantes. Cependant, cette société donne plus d’importance aux biens qu’aux individus.

-> Boris Vian dénonce aussi le matérialisme (ici de la femme, en manque d’affection, réclame des biens pour sa cuisine) mis en avant par ce type de société.

-> On remarque les énumérations des biens apportés par la société de consommation, en particulier, des biens ménagers (Réfrigérateur, cuisinière, four, et diverses ustensiles de cuisines) par des jeux de mots (diverses noms d’objets inventés tels que “cire-godasses”, “repasse-limaces”, “coupe-friture”…) pour insister sur la diversité de ces nouveaux produits et leurs diverses utilités. Boris Vian relate alors l’arrivée d’équipements ménagers modernes, révolutionnaires pour l’époque, et qui améliorent grandement le confort de vie de la population.


 

“Décroissance ou décadence”, Vincent Cheynet, 2014, illustration couverture

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Cette caricature sert de couverture à un livre écrit par Vincent Cheynet intitulé “Décroissance ou décadence” paru en 2014. Vincent Cheynet est un journaliste français né en 1966. Il fut, durant 10 ans, directeur artistique dans une entreprise de publicité. En 1999, il arrête son travail et fonde un journal mensuel intitulé La Décroissance. Dans ce journal, l’auteur critique la société de consommation, par ses idées et ses idéologies.

Cette oeuvre présente un homme installé sur un amas de biens matériels (biens électroniques, de transport, usagers, habitables) voués à être jetés à la déchetterie. L’homme est assis sur une voiture usée, main droite contre le menton, main gauche sur son genoux gauche, courbé. Son visage est marqué par des sourcils froncés et  un regard qui se dirige vers la droite. A l’arrière du tas de déchets se dresse un petit arbre sans feuilles. On remarque aussi la présence d’une main essayant de sortir du tas. Cet amas de biens de consommation dénonce clairement le gaspillage engendré par la société de consommation et plus particulièrement le gaspillage de biens de consommation secondaires (pour la plupart) et ostentatoire (volonté de consommer pour se démarquer des autres). Un gaspillage ayant un impact inévitable sur l’environnement, notamment avec le petit arbre sans feuilles, qui symbolise la pollution et ses impacts sur la nature. L’air pensif de cet individu remet en question la consommation de masse. De plus, sa posture nous rappelle la célèbre oeuvre du sculpteur Auguste Rodin appelé Le Penseur. La main ensevelie représente le caractère égoïste de l’Homme car il n’essaye même plus d’aider son compère mais est fixé sur ses pensées. Ainsi, il peut se demander si la consommation de masse encouragée par la société de consommation est la meilleure solution pour répondre à ses besoins. En effet, on peut alors se demander si ce type de société, qui réponds davantage à des besoins secondaires que vitaux, à un avenir durable ?

« Le Penseur », Auguste Rodin


 

 Conclusion

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